Coïncidant avec l’anniversaire de la chute de l’ancien régime, « les choses s’améliorent », a déclaré Mohammad Al Nsour, chef de la section Moyen-Orient et Afrique du Nord à HCDH dit Actualités de l’ONU.
« Chaque fois que nous allons à Damas, nous pouvons constater le changement. »
Le HCDH – empêché d’opérer en Syrie depuis de nombreuses années – dispose désormais d’une équipe déployée en permanence à Damas. Pour M. Al Nsour, cela marque un tournant important après une longue période passée à surveiller la situation des droits humains à distance depuis Beyrouth.
« L’ancien gouvernement a refusé l’accès au HCDH », a-t-il rappelé depuis Genève. « Nous avons essayé à plusieurs reprises », mais désormais, « c’est un grand avantage d’être sur le terrain », a-t-il ajouté.
Mosquée des Omeyyades à Damas, en Syrie.
Signes de progrès
La Syrie reste confrontée à un certain nombre de priorités urgentes : la nécessité de reconstruire un pays endommagé par la guerre, de répondre aux nombreux griefs qui subsistent et d’obtenir justice pour les violations passées et présentes.
Le haut responsable a noté que l’insécurité demeure également une préoccupation alarmante – du nord-est jusqu’à la Soueida – suite aux massacres du début de l’année dans les zones côtières, notamment par des membres des forces de sécurité du gouvernement.
Il a néanmoins insisté sur le fait que l’orientation générale est « très constructive et positive ».
« Il existe une volonté politique d’amélioration de la part du gouvernement », a-t-il déclaré, soulignant l’engagement quotidien entre le HCDH et les autorités. Le gouvernement a reçu une assistance technique de la part de responsables de l’ONU visant à réformer la législation, à renforcer les droits de l’homme au sein des institutions chargées de l’application des lois et à améliorer l’administration publique.
Ces mesures, a-t-il déclaré, témoignent d’un engagement en faveur d’un avenir fondé sur les droits.
Il a souligné que l’un des principaux avantages d’avoir un bureau à l’intérieur du pays est qu’il fonctionne « comme un conseiller auprès des autorités ».
« Nous surveillons, signalons et utilisons le plaidoyer pour alerter les autorités des violations afin de les prévenir. Notre but et notre objectif principal n’est pas de faire honte ou de blâmer un gouvernement, mais plutôt de prévenir les violations. »
Changement symbolique
Les préparatifs sont en cours pour la toute première célébration de la Journée des droits de l’homme en Syrie, le 10 décembre, deux jours seulement après le premier anniversaire de la chute du régime d’Assad.
L’événement est co-organisé par le HCDH et le ministère syrien des Affaires étrangères sur le thème : Une approche de la reconstruction fondée sur les droits humains.
M. Al Nsour a déclaré que la célébration marquerait « un nouveau chapitre dans notre relation avec le gouvernement syrien » et que les discussions se concentreraient sur « la manière de faire avancer l’agenda des droits de l’homme dans la nouvelle Syrie ».
Responsabilité et justice
Pour de nombreux Syriens, la responsabilité reste centrale.
Après des incidents violents dans la région côtière en mars dernier, les autorités ont créé une commission nationale d’enquête – qui a reçu d’importants conseils techniques du HCDH – et certains auteurs sont désormais jugés devant un tribunal national.
M. Al Nsour a noté que le gouvernement a également accepté le renouvellement du mandat de la Commission d’enquête des Nations Unies, permettant la poursuite des enquêtes internationales indépendantes, non seulement sur les violations commises sous le régime d’Assad, mais aussi depuis sa chute.
Pour l’avenir, la justice transitionnelle est la priorité pour 2026.
« Il y a un besoin non seulement de responsabilisation », a-t-il déclaré, « mais aussi de dire la vérité, de réparations et de réconciliation nationale ».
Voix de femmes
Le HCDH soutient également les organisations de la société civile dirigées par des femmes et promeut une plus grande représentation des femmes dans les institutions politiques, en particulier à la suite des élections parlementaires – une demande à laquelle M. Al Nsour a déclaré que les autorités sont de plus en plus réceptives.
Dans le même temps, il donne également du pouvoir à ces organisations en les formant à utiliser le plaidoyer pour promouvoir leur cause et en les mettant en relation avec les mécanismes internationaux des droits de l’homme.
Mission transfrontalière d’OCHA à Ma’arrat An Nu’man.
Le responsable du HCDH a souligné que la plus grande source d’espoir pour la Syrie réside dans les Syriens eux-mêmes.
« Ce qui est étonnant en Syrie, c’est la résilience du peuple syrien », a-t-il déclaré. « Ce qui vous donne de l’espoir, c’est cette jeune génération extraordinaire et instruite, prête à s’engager de manière très positive dans la nouvelle Syrie. »
Dans tout le pays, il a noté que les jeunes ont lancé des initiatives locales, allant du nettoyage des parcs publics au soutien aux services locaux – de petits actes qui reconstruisent un sentiment de communauté après un conflit.
« Ils ont vu ce qui s’est passé dans d’autres pays – des situations post-conflit dans la région et au-delà – et ils font de leur mieux pour aller dans la bonne direction. »
Un long chemin à parcourir
Les pressions financières s’accentuent, mais les donateurs ont montré des « indications très positives » d’augmentation du financement en faveur de la Syrie, selon M. Al Nsour.
« Il existe un grand intérêt de la part des principaux donateurs pour la promotion des droits de l’homme dans la nouvelle Syrie », a-t-il expliqué, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la région.
Malgré de nombreux obstacles, il a souligné la détermination des Syriens à reconstruire leur pays sur la base des droits de l’homme.
Alors que les Syriens célèbrent cette année la Journée des droits de l’homme, le message le plus important est peut-être clair : les progrès, aussi fragiles soient-ils, sont enfin visibles – et l’espoir grandit avec eux.
