Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) dit la situation dans la province du Sud-Kivu s’est fortement détériorée depuis le 2 décembre en raison de violents combats dans plusieurs territoires, notamment Uvira, Walungu, Mwenga, Shabunda, Kabare, Fizi et Kalehe.
Selon les médias, des membres du groupe armé M23 sont entrés mercredi dans la ville clé d’Uvira et les habitants ont décrit un sentiment de peur et d’incertitude.
Radio Okapi, dirigée par la mission de maintien de la paix de l’ONU MONUSCOa rapporté que plus de 74 civils ont été tués et au moins 83 blessés lors d’affrontements entre les forces congolaises et les groupes armés depuis début décembre. La station a indiqué que des milliers d’autres personnes ont fui les frontières vers le Burundi et le Rwanda.
La plupart des personnes déplacées au Sud-Kivu s’abritent dans des sites surpeuplés, confrontées à des risques accrus en matière de protection, à un mauvais assainissement et à la menace croissante d’épidémies. Les femmes et les filles déplacées sont confrontées à des risques accrus de violence sexiste dans des refuges surpeuplés.
L’aide alimentaire suspendue
Les programmes d’aide humanitaire, notamment l’aide alimentaire et les soins de santé, ont été affectés par l’insécurité.
Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a suspendu ses opérations dans tout le Sud-Kivu, privant ainsi 25 000 personnes d’une aide alimentaire vitale, selon au porte-parole adjoint de l’ONU, Farhan Haq.
« Les familles d’accueil, déjà confrontées à des niveaux d’insécurité alimentaire d’urgence, partagent le reste de leur nourriture avec les personnes déplacées », a-t-il déclaré aux journalistes à New York.
Au moins 32 écoles d’Uvira soutenues par le PAM ont interrompu les cours pour abriter les familles déplacées, privant ainsi plus de 12 000 enfants de ce qui constitue souvent leur seul repas chaud quotidien. Les agences humanitaires ont prévenu que les stocks alimentaires de la région pourraient s’épuiser d’ici quelques semaines si l’accès et le financement ne sont pas rétablis.
Les craintes transfrontalières grandissent
« L’impact humanitaire de la crise s’étend désormais au-delà des frontières », a déclaré M. Haq, signalant que près de 25 000 personnes ont traversé la frontière vers le Burundi entre le 5 et le 8 décembre, et que d’autres arrivées ont également été signalées au Rwanda.
Dans les deux pays, les partenaires humanitaires et les autorités nationales intensifient leur aide d’urgence, notamment en matière de repas chauds, d’eau potable et de services de santé.
Cette escalade survient malgré les efforts diplomatiques visant à réduire les tensions régionales. La semaine dernière, la RDC et le Rwanda ont signé un accord de paix soutenu par les États-Unis, accueilli par les Nations Unies comme une « étape cruciale » vers le rétablissement de la confiance.
Les problèmes de financement aggravent la crise
Les déficits de financement aggravent l’urgence.
Le Plan de réponse humanitaire en RDC n’est financé qu’à 22 pour cent, ce qui laisse un déficit de près de 2 milliards de dollars, a prévenu M. Haq. Au Burundi, moins de 33 millions de dollars ont été mobilisés contre un besoin de près de 77 millions de dollars pour soutenir les nouveaux arrivants.
« Nous appelons toutes les parties au conflit à cesser immédiatement les hostilités, à respecter le droit international humanitaire, à protéger les civils et les infrastructures civiles et à garantir un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave », a-t-il déclaré.

