Dans le vidéo présenté lors de l’événement de haut niveau sur le Soudan du Sud, Mayen tient un livre qui, selon lui, lui a été offert par l’ONU. « Il contient les droits des personnes déplacées à l’intérieur du pays, tous ceux qui ont dû fuir d’une ville à une autre. Quand j’ai lu ce livre, j’ai réalisé que même pas 10 pour cent de mes droits étaient respectés. Alors dites-moi, ne suis-je pas un être humain ? Ne suis-je pas une personne déplacée ? »
« [The people of South Sudan] sont les mêmes que nous à tous égards – ils veulent des soins de santé, ils veulent des écoles, ils veulent avoir de l’espoir en leur avenir, et la chose qu’ils veulent le plus, c’est la paix », a déclaré le chef des secours de l’ONU, Mark Lowcock.
Cinq années de conflit ont laissé le Soudan du Sud aux prises avec l’une des pires crises humanitaires au monde.
Actuellement, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 7 millions de personnes ont besoin d’une aide vitale pour survivre ; une personne sur deux ne sait pas d’où viendra son prochain repas ; 40 pour cent de la population totale est déplacée à l’intérieur et à l’extérieur du pays ; deux femmes enceintes ou allaitantes sur trois souffrent de carences nutritionnelles aiguës ; plus de 2 millions d’enfants ne sont pas scolarisés ; et seule une personne sur dix a accès à des installations sanitaires de base.
L’événement a rassemblé des donateurs, des États membres et de hauts responsables humanitaires, notamment le Coordonnateur humanitaire des Nations Unies pour le Soudan du Sud, Alain Noudéhou; le Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), Valérie Guarnieri ; et le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer.
« Nous réussissons contre toute attente au Soudan du Sud », a déclaré Mme Guarnieri, faisant référence aux défis majeurs auxquels sont confrontés les travailleurs humanitaires en termes d’accès aux communautés touchées par le conflit. Le manque d’infrastructures, a-t-elle expliqué, avec seulement 300 km de routes construites à travers le pays, rend l’acheminement de l’aide pendant la saison des pluies, lorsque 60 pour cent du réseau routier est inondé, une mission presque impossible.
Grâce au prépositionnement massif de marchandises avant la saison des pluies et à l’utilisation d’une combinaison complexe de systèmes de livraison aériens, routiers et fluviaux, qui ont nécessité des négociations minutieuses avec les différentes parties belligérantes, les travailleurs humanitaires sont en mesure d’atteindre les populations touchées, même dans les zones très reculées. En 2017, les groupes humanitaires ont soutenu près de 5,5 millions de personnes sur les 6 millions ciblées en leur fournissant de la nourriture, un abri, de la nutrition, des soins médicaux, une protection et d’autres formes d’assistance.
Malgré la signature d’un accord de paix entre les différentes parties au conflit en septembre dernier, l’insécurité reste un défi majeur pour la réponse humanitaire. Le Soudan du Sud est l’un des endroits les plus dangereux pour les travailleurs humanitaires. Plus de 100 travailleurs humanitaires ont été tués depuis le début du conflit en décembre 2013, dont 13 rien qu’en 2018.
« J’appelle tous ceux qui travaillent au Soudan du Sud à respecter les travailleurs humanitaires et le droit humanitaire international », a déclaré le coordinateur humanitaire Noudéhou, qui a expliqué qu’entre février et mai de cette année, il y a eu plusieurs cas de travailleurs humanitaires détenus par des groupes armés pendant des jours ou des semaines. « Nous ne sommes pas une cible », a-t-il ajouté.
Une grande partie de l’événement s’est concentrée sur la nécessité de « localiser » la réponse, ce qui implique de responsabiliser les organisations non gouvernementales (ONG) sud-soudanaises.
« Les personnes qui sont en première ligne de la réponse sont les ONG nationales et elles ont accompli un travail énorme et elles sont courageuses », a déclaré M. Noudéhou.
Angelina Nyajima est la directrice de Hope Restoration, une ONG sud-soudanaise qui œuvre pour l’autonomisation des femmes. Lors de l’événement, elle a plaidé pour davantage de mentorat et de financement plus direct pour les ONG nationales, comme le prévoit le programme de localisation issu du Sommet humanitaire mondial de 2016.
« Nous sommes en première ligne, nous sommes avec les communautés… En cas de crise, nous ne sommes pas évacués », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’un jour, la présence des organisations internationales sera réduite. « Si nous ne sommes pas encadrés dès maintenant, si nous ne recevons pas de financement dès maintenant, nous ne pourrons pas nous débrouiller seuls. »
