Pour M. Kassis, le logement n’est pas un privilège, c’est une question de survie. « Nous résistons », dit-il, « en existant simplement sur le terrain. L’occupation n’est pas seulement le char et le soldat. Elle ne restreint pas seulement vos mouvements, mais aussi vos pensées, vos plans, vos aspirations et votre vision. »
Les services de base supportent également le poids de l’occupation. « Nos puits sont situés dans la zone C de Cisjordanie, où la sécurité est contrôlée par Israël. C’est là que se trouvent les colonies israéliennes et les colons attaquent ces sources d’eau, menaçant l’approvisionnement qui est déjà le plus faible au monde par habitant. En même temps, les colons profitent des piscines. »
Pour s’adapter, Ramallah a investi dans des projets de traitement des eaux usées et d’irrigation, utilisant de l’eau recyclée pour verdir la ville. « Quand vous voyez du vert, vous voyez de l’espoir. Et quand vous voyez de l’espoir, vous courez après l’espoir. »
Une porte récemment installée dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie.
Cultiver la résilience
Le coût de l’occupation se mesure non seulement en obstacles et en pénuries, mais aussi en vies perdues. Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), près de 1 000 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie depuis octobre 2023, dont plus de 200 enfants.
Pour les familles, le fardeau est lourd. «Nous sommes une société jeune», explique Kassis. « Plus de 65 pour cent de la population de Ramallah a moins de 40 ans. La moitié sont des adolescents ou des enfants. » Leurs parents, dit-il, veulent qu’ils vivent librement et expérimentent la vie, mais ils ont peur du harcèlement et de la détention arbitraire.
« Il y a des milliers de prisonniers. Chaque jour, des gens sont détenus sans décision de justice et maintenus en prison pendant six mois, qui peuvent être renouvelés. L’idée est de tuer notre esprit. » Néanmoins, insiste-t-il, la résilience perdure : « Regardez Gaza. Regardez les enfants qui sourient. Pour moi, c’est ça la résilience. Ces gens-là, ils choisissent la vie malgré tout. »
En tant que maire, il estime que la résilience doit être entretenue à la base : par l’éducation, les espaces verts et la fierté du territoire. « Nous l’avons construit grâce à des années de travail acharné et d’éducation pour que les enfants chérissent la vie, chérissent la beauté de la ville, aiment la terre, appartiennent à la terre. Ce sont des choses que nous faisons, qui font partie de notre ADN à la municipalité. »
Barrages routiers séparant l’entrée de Ramallah du nord de la Cisjordanie.
Une voie à suivre
L’ONU soutient depuis longtemps une solution à deux États comme cadre de résolution du conflit israélo-palestinien : un État palestinien indépendant vivant côte à côte avec Israël dans la paix et la sécurité. Les questions clés qui restent à résoudre comprennent les frontières, les colonies, le statut de Jérusalem, les réfugiés et les dispositions en matière de sécurité.
Jusqu’à ce que cette vision se réalise, dit Kassis, les habitants de Ramallah continueront à garder espoir : une maison, une famille, un arbre à la fois.