Sur la base de deux années d’investigations et d’analyses indépendantes, le rapport révèle comment les revenus pétroliers et non pétroliers sont siphonnés par des régimes opaques et des contrats politiquement connectés. Pendant ce temps, des millions de Sud-Soudanais se voient refuser les services de base.
« Notre rapport raconte l’histoire du pillage d’une nation: la corruption n’est pas accessoire, c’est le moteur du déclin du Soudan du Sud », » dit Yasmin Sooka, présidente de la Commission.
«Il stimule la faim, l’effondrement des systèmes de santé et provoque des décès évitables, ainsi que l’alimentation des conflits armés mortels sur les ressources.»
Détournement de fonds
Après avoir obtenu l’indépendance en 2011, le Soudan du Sud est sorti de décennies de guerre civile brutale avec le Soudan, portant un héritage de conflit de division, de répression de l’État et de pauvreté.
Quatorze ans après l’indépendance, les élites dirigeantes luttent toujours pour le contrôle des ressources naturelles.
Le rapport a constaté que les entrées de pétrole du gouvernement soudanais ont dépassé 25,2 milliards de dollars depuis 2011, mais que peu d’argent ne va pas aux services essentiels. En raison de la corruption systémique, l’éducation, la santé publique et les systèmes de justice sont en crise.
«Les diversions ne sont pas des échecs budgétaires abstraits – ils se traduisent par des décès évitables, une malnutrition généralisée et une exclusion de masse de l’éducation», a déclaré le commissaire Carlos Castresana Fernández.
«Les trois quarts des décès pour enfants sont évitables – mais les fonds vont au patronage et aux poches privées, pas à des médicaments ou à l’eau potable et à l’assainissement.»
Multiples schémas de corruption
Le programme «Oil for Roads» n’est qu’un des schémas de corruption décrits dans le rapport. Le programme avait l’intention de construire des infrastructures mais n’a pas réussi à livrer des routes promises. On estime que 2,2 milliards de dollars ont été canalisés dans des réseaux de patronage politiques grâce au programme hors budget.
Le rapport détaille également les régimes de Crawford Capital, une entreprise politiquement connectée, dans les recouvrements de revenus non pétroliers, où peu de taxes atteignent les budgets du gouvernement, même si des prélèvements illégaux sur les acteurs humanitaires entravent les opérations critiques d’aide alimentaire.
Un besoin de changement
Un accord de paix de 2018 a promis un changement structurel et une amélioration de la gestion financière publique, mais la réforme n’a pas été financé ou mis en œuvre de manière adéquate.
La priorité à la mise en œuvre de certaines réformes en vertu de l’accord est l’une des nombreuses recommandations que le rapport présente pour le Soudan du Sud. Les 54 recommandations visent à aider le pays à répondre aux besoins fondamentaux de la population, à renforcer la responsabilité et à mettre fin à l’impunité.
«Lorsque les revenus publics deviennent une fortune privée, la paix ne peut pas tenir.
La Commission des droits de l’homme au Soudan du Sud a été créée par l’ONU Conseil des droits de l’homme en mars 2016. Les trois commissaires ne sont pas du personnel de l’ONU et ne reçoivent pas de paiement pour leur travail.